mardi 27 mai 2008

Petits chefs

Il nous faudra travailler très fort nos frustrations existentielles. Il ne faudra surtout pas se forcer à développer la profondeur, ne surtout pas se forcer tout court, se laisser aller à la belle nature, mais surtout pas celle qui aurait trait à quelque paresseux épicurisme. Car « l’homme est ainsi fait ». Un yack sous le frac, un requin sous le saint-frusquin, une queue dans le froc, une bête sous la jaquette, l’homme est ainsi fait. Incapable par nature de dépasser une nature d’abord animale. Pourquoi chercher à faire surgir quelque humanité des bas-fonds de la nature de bestioles qui, elles, s’assument pleinement. Agressivité orientée vers quelque utilité vitale, respect des hiérarchies, amour des forts et des gicleurs d’essuie-glaces, sans doute la nature comprend tout et crée les valeurs. Dans ces conditions, il faut le dire et prévenir les naïfs, les places sont chères. Le chétif devra aimer sa condition -ses frustrations- et le chef n’aura d’autre choix que d’exprimer sa puissance –sa condition- pour le bien de la communauté qui le lui rendra. C’est naturel, c’est « humain », c’est comme ça ma bonne dame ! L’espoir est offert à tous de pouvoir échapper à la condition du chétif pour devenir au pire le chef du chétif, au mieux le maître du monde. Mais on peut aussi ne pas envier la place des petits chefs et des maîtres éructant leurs frustrations pour exprimer leur force, non pas parce que leur nature les y obligerait, mais plutôt parce que ces frustrations sont toujours aussi l’expression d’un trop plein de vide de soi dont le résultat est bien plus violent que fort.



Loo

mardi 6 mai 2008

La sensibilité individualiste

"Chienchien" by loo



Pour justifier tous les sacrifices de pacotille, les mensonges à soi, les léchages de bottes, les obligations illégitimes que l'on se doit de faire pour préserver le confort des autres, on a pu entendre parfois cette parole lâchée sans justification ni, surtout, d'argumentation autre que "génétique":

"- Mais nous sommes des êtres sociaux".

Bestiaux serait plus adéquat. Oui, comme les boeufs, les moutons, les loups, les fourmis, les chauves-souris, les chiens, les singes (des copains), les manchots super stars, les lions, les poules et le reste. Tout cela est bien beau, mais où donc est allée se fourrer la conscience? Dans le cul des poules, dans l'estomac des vaches, dans la fatigue des lions? Dans la motivation des rats... La socialité animale demande plus de respect puisqu'elle ne suppose a priori pas l'effort.

"La sensibilité individualiste n'est pas du tout la même chose que l'égoïsme vulgaire. L'égoïsme banal veut à tout prix se pousser dans le monde, il satisfait le plus plat arrivisme. Sensibilité grossière. Elle ne souffre nullement des contacts sociaux, des faussetés et des petitesses sociales. Au contraire, elle vit au milieu de cela comme un poisson dans l'eau.
La sensibilité individualiste suppose un vif besoin d'indépendance, de sincérité avec soi et avec autrui qui n'est qu'une forme de l'indépendance de l'esprit; un besoin de discrétion et de délicatesse qui procède d'un vif sentiment de la barrière qui sépare les moi, qui les rend incommunicables et intangible; elle suppose,
du moins dans la jeunesse, cet enthousiasme pour l'honneur et l'héroïsme que Stendhal appelle espagnolisme, et cette élévation de sentiment qui attirait au même Stendhal ce reproche d'un de ces amis: "Vous tendez vos filets trop haut." Ces besoins intimes, inévitablement froissés dès les premiers contacts avec la société, forcent cette sensibilité à se replier sur elle-même."

Georges Palante, La sensibilité individualiste

...Peut-être dans les burnes des loups ! Et cela vaut pour l'autre pour la seule raison qu'on attend ces "efforts" en retour pour son pauvre petit soi.

Loo

vendredi 2 mai 2008

Durcir

loo


On prend de l’âge, on ride, pas sur la vague, juste sur la gueule, on blanchit de la capuche, le neurone frémit de panique face à la moindre nouveauté vécue sur le mode du bizarre plutôt que sur celui de la découverte, plutôt en frigide du cervelet, en frigo de la culture qu’en chauffeur d’idées, davantage en endurci du bout de mou qui pend parfois entre les jambes qu’en ramolli de la barre affolée qui cherche pour soi sans même qu’on s’en aperçoive.

Bizarre : qui s’écarte du goût, des usages reçus.

On vieillit pour s’enferrer toujours plus dans le non-bizarre. Faut du repère, faut savoir où qu’on est. Mes usages (reçus?) eux ne sont bizarres que pour l'autre, qui, soit dit en passant n'y comprend rien à rien puisque son goût est si sûr. Et moins encore lorsque ces usages ne sont pas reçus, hérités. Créer des usages ? Hérésie....

On ride, pas sur la neige, juste sur la gueule. Et dedans, au croisement du cervelet et de l’œil, là aussi on ride et cela se perçoit parfois plus violemment. Le poil blanchit comme il s’essaime, comme s’éclaircit aussi la vue et la vérité crue, celle du croyant, pas celle de celui qui la voit nue se déhanchant comme une belle salope autour de son mât d’aluminium, inaccessible et vulgaire comme un mensonge mal formulé qu'il faut payer pour qu'il dure encore un peu.

Mais il faut être dur, c’est rassurant, dur comme l’assise d’un canapé bourgeois avide de ces chaires molles jusque dans les entrelacs d’un cerveau qui aurait plus d’affinités avec le baba au rhum qu’avec la fulgurance des éclairs électriques qu’on y trouve naturellement. Une étincelle par-ci, par-là, à étouffer promptement, donne l'avant-goût de la rigidité pré-cadavérique, de la dureté post-mortem, physique celle-là. A fuir...

Dur de partout : la mort. Et parallèlement la fin de l’idée, jamais plus molle qu'en cet instant, évanescente à l’extrême, fumeuse comme jamais, inexistante. C'est le néant. Dureté ?

Durcir, c’est bien au contraire s’affiner, c’est se préciser en conscience, c’est vomir ce qui pourrait s’accoquiner avec le (bon) goût, c’est élever au rang d’art le dégoût de la mollesse, l'autre nom de la rigidité et de la courte vue, c’est chercher les angles -de tir-, c’est se rendre prêt à décocher ses vues aux faces ramollies des réfrigérants du ciboulot. Durcir, c’est décocher à sa propre face les flèches revitalisantes du refus de l’enfermement si démocratique de la masse informe de ceux qui ont raison.

Durcir, serait-ce la traduction d’un certain courage, celui de tenir la barre du navire de la vie en proie aux tempêtes et aux colères de ceux qui ne s’écartent pas du goût ? Durcir, serait-ce cette façon si particulière de tenir à sa bizarrerie ? Car il est vrai que maintenir le cap d’une différence est un combat qui demande d’être dur avec soi et avec les autres, cela parce que le mou est une force dont la puissance a souvent été sous-estimée.


Loo

vendredi 12 octobre 2007

Tam tam corazon ... en Fumée !

photo:"Vis,vie,vices" by Ze Maë



L'ultime Taffe , ou la première , celle qui signe le crépuscule Mélancolique .. D'une Farandole pourpre , "CO"ul"EUR"!
..Et l'aube d'un Frémissement De son trefond .. quelle est cette ondine sortie de la rivière ..déposant sur la berge Un collier de coquillages,
Un collier de fleurs pour la bienvenue , Un collier de Keshis , comme dernier aurevoir
alors qu'elle aspire cette dernière taffe , .. consumée au bord du zinc .. trop longtemps ,
Revanche d'une alcoolisée assumée ... Ivresse de l'O de vie ... Magicienne de l'Oz .. caresse la chevelure de la silhouette tournoyante ... !!
A fait son chemin l'idée , la pensée , L'En-vie , ... croissant toujours plus près de la Lune , n'omettant ni Terre , ni Mer,Suave!
Dans le palais subsiste le gout doucereux d'une page deja tournée ...... reste a vivre la Page blanche qui se dessine au loin sortie des Abysses de son Elle, Ailes !
Cantate chauve , .. Requiem affolé..... "C"h"OEUR" prêt a exploser, VIE!

Ze Maë

jeudi 11 octobre 2007

EROS 0.0

Photo: "Volutes" by Marie




Corps dégingandés, déchus, échoués parce que l'esprit a perdu le sens...du toucher. Corps plastiqués , latex et sacs plastiques, comme pour être jetés à la fosse, comme s'il fallait refuser de disparaitre.
Eros 0.0.
Corps absurdes qui se déforment se désincarnent dans le virtualité, le dos plié, la main contracté pour mieux tenir le cordon ombilical de la souris, les yeux rivés sur un écran - ce pourrait être un autre - mais il faut bien compenser ce manque inévitable de...tendresse. Nous sommes humains merde. Et quand il ne s'agit pas de celà encore avons nous des difficultés à ne pas savoir à quoi soumettre notre corps, quelques sacs de voyages pour les buffles et autres objets de désarticulation sportive où les corps éclatent aux jointures, d'être trop sollicités par ce toucher glacial de ce qui restera immuablement inhumain, minéral ou mécanique, mais que l'homme moderne s'obstine a vouloir dominer.

Eros 0.0.

Corps déçus, dont on a oté l'essence de l'intimité, ne commençons même à parler de sexualité, nous nous terminerions dans les communautés, mais corps irréels, enclavés dans la représentation plutôt que la recherche non représentée d'une nature affreuse, et en ce sens j'entend affres. Et si les corps se montrent c'est parfois pour mieux se dissimuler. Eros 0.0. Corps incarcérés de bébés de 190 centimetres et plus de cent kilos perdus dans l'absurdité de leur fonction- à quoi cela peut il donc servir si ce n'est à faire du mal – Lenny « des souris et des hommes » avait l'avantage de ne s'attaquer qu'à des lapins et quand bien même il faisait du mal encore avait il l'avantage de la naivité voire de la débilité.
Eros 0.0
Corps désabusés , désengendrés par une chirurgie sans âme, sans éthique, sans esprit, mais ô combien bien argentée, qui seulement se justifie par le fait d'entrer dans le corps, d'incarcérer, car il ne s'agit de rien d'autre. N'avons nous pas tous joué à Barbie et Ken, mais de là à comparer avec notre notre indéniable « miséritude », il faudrait nous croire conditionnés.
Eros 0.0
Par Fortune, dans l'absence et peut-être l'absence de tout, au moins d'un esprit qui se voudrait corps, nous avons des profesionnels. Professions de la compensation pour des malades du corps, et sachant que nous n'opérons plus la distinction entre le corps et l'esprit finalement pour des malades de l'esprit, en fin de compte des malades du coeur qui pourraient bien avoir besoin d'un pacemaker. D'adord des professionnels pour les choses presque déjà mortes, la Coiff-cure, la manu-cure, la cilli-culture, l'épilation-culture, les deux vont ensemble. Avec les poils et les ongles on a déjà de quoi y passer un bout de temps, pour la représentation et seulement pour cela et ça pourrait suffire, sachant seulement que ceux ci continuent en quelque sorte de « vivre après notre mort, tout au moins de pousser. Mais non le corps sans esprit? Eros 0.0 craint si fort l'anéantissement qu'il s'est entouré de professionnels de la chose. Masseurs en tout genre du bout du pied au bout du sexe, tout dépend du prix, enfourneurs - pour ne pas dire bouchers - de matiéres mécaniques en tout genre pour modifier ou arrêter le vieillissement. Surtout pas d'anéantissement.
Alors l'Eros 0.0 se traine, se dilue et se perd dans ses idées mêmes les plus profondes, il oublie de se défendre et en mouton de panurge ou en Autruche, il fuit sa raison d'être. Il fait des enfants mais il en oublie l'essence. Il aime mais il en oublie d'en donner le sens. Il vit mais il en oublie qu'il meurt.
Il a perdu le sens du toucher et sans même le sentir il a perdu le sens de vivre.
Le corps peut alors devenir une prison qui ne se connait pas.
Eros0.0.

Djü

Micromacrocaomos

Photo: "sans titre" Ze Mae



Hola, Kaixo , Iaorana , Zdravo en castillan, basque , tahitien et croate ....
Yo tambien , la deconnexion reconnectative avec des plis de mes amis comme amuse gueule , mise en bouche ...
gouter, lapper , sentir , vibrer ,...........la vie quoi ...
comme ici a donosti , a ciudad a revetu ses habits d automne , hier encore l'été moite , les corps dénudés, le festival du ciné battant son plein , je surfe sur la vague du nuancier de gris , du crachin revigorant qui n'atteint pas mon moral tout au mieux qui fige un peu plus la verdoyante peinture tout autour.
Avec grand plaisir pour te faire suivre tout bientôt quelques frasques du langage de ma planete ,
ce lien est un ravissement pour mes cellules esthétique, aquariumique, les mots qui se lisent ceux qui se sentent et les silences qui en disent long, un semillant lien oui, oui pour sur, je vais choisir avec soin les âmes avec qui j'ai envie de le partager , fais moi confiance mon ami.
Vibrantes ailes de papillon Lyre .. grattant la mandoline de domingo Boenechea de Lima a Guernica en passant par Mundaka et la contrée des rêves non anoblis,
nul besoin de blason , nulle possibilité pour « la blasitude »
le festival du film de donostia a commencé voila deux jours , et voila deux jours que je ne suis pas entrée encore dans une de ces salles obscures où se peignent les creations des autres ...
rejouissante calle où les bruits s'agglutinent transformant en sons , en paroles , rires et altercations basques , j'aime cette creation de l instant~tané ... sur le cuir de la cuidad , j'irai faire du toboggan ... imagine toi un peu ici a donostia ( san sebastian pour les espagnols!) il est un lieu qui surplombe la baie ....Ancien parc d'attractions battu par le temps , j'y suis allée hier , c'est bien fou une fête forraine qui ne vit plus au rythme des rires, de Barbe à papa, ce fut comme prendre une machine a remonter le temps, ô le temps se serait figé , c'est te dire combien j'ai aime ce voyage , j'vais blogger tout cela en espérant ne pas ecorcher, en rien, les sensations qui vibrent; encore non, au fond de moi , plutôt là tout près , proche du coeur.

Ze Maë

Perle, nacre et papillon...

photo: " sans titre" by Ze Maë



Je ne peux m'empecher de laisser s'envoler le petit papillon de nacre qui sourit à mon oreille ! .... A chaud, le papillon papillonne ...Les ailes kaleidoscopiques vibrent , jeux de miroirs avec ou sans tain ... du thym de la bruyère ! ...
Du thon en boite .. des boites de thyms , des bouquets de sashimis ... invasion de l' esprit qui veut se nourrir ! ..
L'enfermement ...... ! Le bonheur quoi qu'est ce ?
la liberté quoi qu'est ce ? ... la boite a Mae comment est elle?

Bonheur : . conceptualisé, Imageries d'epinal , ... cheval de bataille, ... a l'heure precise d'aujourd'hui .. mon bonheur est une boite vide , .. avec fenetres ouvertes , sans portes ..ou s'invitent d'eux meme , les personnes , les instants , les visions , les contemplations , les questionnements , les reponses aussi .... les Dessins , les Souvenirs , les projections (si projections il y a ... ) .. Mon bonheur n'est ni cela, ni ceci , mon bonheur est ... Juste au moment , ou enjambant de son pied la fenêtre .. il me crie , il me hurle , il me sussure .... : tiens te voila ici , j'ai vu tes fenetres ouvertes .. alors me voila ! ....
Lapsang souchong , alors ! .... VEN VEN VEN

Liberté : souvenir de cours de philospohie, piètre philosophe je fus , j'aurais faite , je suis .... il est dans le mot liberté ... déjà une connotation d'el DAURADo ! ... ( comme nous sommes dans les boites et ses poissons ! .. hehe ) .... Juste dit ,et déjà loin ..
Eluard aura beau ecrire son nom /..... LIbre je ne pense pas , ..entre mon génome , mon education , mon empirisme , mes barrières ., mes angoisses /.. , mes rêves restés rêves , mes envies restées en-vie(s) jusqu'à présent ! ... alors je regarde épaule , j'apprends tous les jours à vivre au mieux avec toutes et tous ! ... je regarde coeur ... j'ouvre mes bras et saisis tout ceux et celles et ce que je peux embrasser ....
je regarde bouche , Je sens oreille , je Goutte oeil ! ...

vivante je suis , vivant tout est autour ! rien que cela dirait on !
c'est un grand bonheur ! .....

Ze Maë

mercredi 3 octobre 2007

Baisé !

"sans titre" by Loo



Il n’y a bien que la religion catholique -et toutes les autres sous-pensées religieuses- pour avoir béni le terrain sur lequel le verbe « baiser » prend un sens si mensonger : « je l’ai bien baisé, il s’est fait niqué (baisé, veux-je dire), l’est bonne qu’à baiser »… Car, le salaud si connu des évangiles, n’a-t-il pas donné ce baiser à Jésus que pour mieux le trahir (niquer, veux-je dire) ? Ce sens si particulier qui le rend, ce mot, toujours scabreux, souvent tabou, la mythologie déiste s’est chargée de nous le léguer. On s’embrasse, on ne se baise pas. On fait l’amour avant de s’imaginer que l’on baise, et si tel était le cas, c’est en chiens, en sauvages, que nous le ferions. Dès lors qu’on baise, et il suffit parfois de le proférer avant même que le "dire" ne se fasse "faire" (oula!), voire de le susurrer à l'oreille d'une vieille bourgeoise que l'on considère sous l'angle de ses températures -des chaleurs qui atteignent, selon les spécialistes, celles de la fusion de l'acier-, et les moustaches frémissent, les poils pubiens, s'ils sont laissés libres de proliférer selon leur nature, frétillant à l’idée qu’il se joue là quelque chose dans le monde bien cadré de « l’interdit ».

C’est pourtant si beau de se baiser… De se donner à l’autre du bout des lèvres ou, parfois, entre deux portes, en ascenseur (le cliché tu pardonneras), dans une enfilade de couloirs menant à la cave d'une tour de trente étages, au fin fond d'une campagne irlandaise baignée par le soleil glacial d'une après-midi d'été, sur le promontoire du monde (vers les 8000), dans les chiottes d'un gros porteur, dans la paille (pour les papy-boomers), sexes à cran, chairs avides, presque à vif, à l’interstice de ce qui sépare l’Homme de la Bête, le breton du porc, le champardennais de la bécasse (une grosse salope celle-là), le savoyard du bouquetin, le marseillais de la rascasse, le parisien du clébard, de ce qui sépare l'Animal de l'Homme, la Raison de son Pendant naturel débridé (pendant qui n'est pas mou).

C’est bon et c’est beau la baise. C’est un acte qui, au fond, est si loin des activités du traitre Judas (dont l'étymologie profonde correspond à la confession, à la célébration !), qu’il faudrait ne jamais devoir s’en priver ou avoir à en faire le deuil. Au contraire, tout juste le célébrer. Celles et ceux qu’on baise en sont, ainsi, honorés. La difficulté principale réside donc dans notre accord jamais donné à nous laisser baiser, à nous baiser les uns les autres, alors que nous serions évidemment prompts à le faire sans jamais supposer que l’acte en question n’a de sens qu’à deux, de manière bi-unilatérale ou bi-univoque.

Le baiseur du XXIè siècle est aussi vénal que le Judas de la bible et, en ce sens, bien seul en son acte.

Mais, en réalité, personne ne se fait baiser… Ou, plutôt, nous mettons-nous volontairement dans la position qui le permet. Autrement dit, Jésus voulait bien se faire éclater le fion par Judas ! Finalement, c’est bien ce dernier qui dut faire, après ce baiser de traitre, l’expérience d’un niquage en règle (suicidé ou rompu au sens propre, les tripes à l'air, par le travail des champs selon les versions). Baisera bien qui baisera le dernier.

Celle ou celui qu’on baise, on ne peux le baiser réellement que si l'on est déjà baisé jusqu'à l'os. Une forme de don par excellence, bestial heureusement, qui ne se pense pas autrement qu’un don unilatéral-solidaire, réciproque-individuel et dépassé par toute forme de calcul. On baise l’autre pour soi-même, et l’on est baisé par autrui que pour autant qu'on le veuille. Cela vaut pour l'autre.

Jésus, un grand coquin qui connaissait le sens du mot "baiser" !

Loo

samedi 8 septembre 2007

Recherche identité personnelle désespérément

"Parallelism" by Loo




Le joli petit bouquin de Clément Rosset pas tout récent (1999) intitulé Loin de moi, bouscule l’idée reçue et largement nourrie par ses prédécesseurs, selon laquelle l’identité personnelle, dimension intime du moi ou moi profond, correspond à mon essence même, à mon identité réelle. Il défend, en effet le principe suivant : l’identité qui seule peut prétendre à l’être et à l’existence n’est autre que l’identité sociale. Autrement dit, point d’identité personnelle sans identité sociale. Ainsi, il ne saurait y avoir d’autre identité que sociale. Pour prouver la primauté de cette dernière sur l’autre, il démontre que l’identité sociale donne l’illusion de la réalité singulière de l’identité personnelle en ce que, précisément, elle la construit. Ou la détruit ! Non l’inverse. Cela expliquerait ces destabilisations, ces déchirements de l’égo lorsque se trouve malmenée une identité que l’on pense à tort en termes d’intériorité et de fondation. L’identité est, selon Rosset, sociale. L’identité sociale nous composerait tout entier, jusqu’aux tréfonds de l’âme et des intestins. Le reste n’est que rêve de transcendance frelaté. Point d’unité de la conscience de soi sans l’acceptation de cette « extériorité » vue comme composante essentielle de l’être psychique. Notre cerveau fonctionnerait alors sur le mode de l’avoir, de la possession (de l’autre, objets ou sujets) plutôt que sur celui de l’être. Voilà Platon, Descartes, Kant et leurs copains mis au pilori et remisés au placard des éhontés de la mauvaise foi.

Les puissances du « On », du « Tu » écrasant ainsi définitivement le « Je » , ce Je n’ayant d’autre réalité que celle, première, du Tu, du Vous, du On. L’unité de la conscience ne relève désormais plus que d’autrui tant en construction (l’enfant se construit en imitant), qu’en réalisation (nous ne sommes en adéquation avec notre identité que dans la confrontation « amoureuse » à l’altérité, l’amour étant à comprendre comme attrait de complémentarités différentielles ou de quelque singularité admirée et admirable et pourtant banale en soi puisque c’est toujours l’autre qui fait exception: si nous sommes tous exceptionnels -nous sommes toujours l'autre d'autrui-, alors nous nous ressemblons étrangement par unicité interposée! ). En cela, l’identité sociale serait du côté de la vie tandis que l’identité personnelle ne lui serait d’aucune utilité. Et pour preuve, nous ne sommes que ce que nos relations, ou leur absence, font de nous.

Le cheminement de Rosset le pessimiste est digne d’intérêt, mais que faire alors de ce qui sous-tend son raisonnement. À savoir les ressorts aliénants d’une société qui lui sont sous-jacents. Ceux, par exemple, de l’employé qui aime à en crever l’icône patronale. Que faire des logiques militaires hiérarchisantes que l’on retrouve partout en société, dans la famille, dans le travail et ailleurs. Faut-il rejeter les réflexions sur le conditionnement par l’éducation, machine ô combien normative, au profit d’idéologies adossées à des considérations génétiques (du style l’homme est un loup pour l’homme) ? Ou la primauté de l’identité sociale sur celle, personnelle, souffrirait-elle la possibilité d’une autre organisation sociale que celle de l’avoir, autrement dit, de la considération d’un « tu » non compétitif au regard du « je », ce toi-moi (telle est l’identité sociale de notre époque) dépossédé de sa propension à posséder, y compris autrui en ce qu’il présente à soi, au toi-moi, une altérité consubstantielle et en même temps irréductible à soi ?

Rosset le reconnaît, l’identité personnelle est une construction nécessaire à la justice. Mais elle reste un construit. Cependant, bien qu’autrui soit la condition du moi, « je » n’est pas pour autant un autre. Et s’il n’est pas un autre, il reste peut-être l’illusoire espoir d’être un soi non-social et de se référer à une identité personnelle fondatrice de toute identité sociale...

Loo

Dans une Boite...

Djü photo "Téléstatue"


Dans l'immensité d'un monde l'on peut se croire libre. Mais le désert de sens n'est que prison. Le désert de soi n'est que prison. Comment faire le tour de son enfermement quand tout ce que l'on peut embrasser ne tient en soi que dans les bras. Serrer même les mains ne suffit pas à appréhender encore moins quand il s'agit de poussières.

Alors, alors, où en est tu toi, de ton enfermement, toi qui ne crois qu'en ta liberté, qui l'affirme? Dans quelles frontières, barrières, limites, dans quelle boite en fin de compte tient ta fragile liberté, insensée. Il faut bien entrenir l'illusion, car tout finit en boite, principalement ce qui meurt, contentons nous de croire que nous ne parlons que du thon.

Et l'espoir lui même engendre sa propre boite plus ou moins grande, plus ou moins, qu'il faut voir sans craintes car l'enfermement dans ses mesures, tant qu'assumé n'est pas assurément emprisonnement. Depuis quand a t'il été accepté qu'il est aisé de marcher sur un fil?

La solitude? Tous la fuient ou presque mais jamais nous n'avons vu prouvé qu'elle était pire que la « fouleattitude » , qui n'est pas meilleur ou pire enfermement de soi. Le vieil adage dit encore qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné, la boite dans laquelle nous pouvons vivre dément ce proverbe. Il n'est pas de vérités pour des esprits qui ignorent le confinement de leurs boites craniennes.

Reste l'amour, oh grand Amour. Que dire des méandres de la jalousie et de la possession dans un monde qui consomme le sentiment comme une barre de chocalat, et qui, comme se fait par tout bon acheteur, compare les produits, le rapport qualité prix. N'abordons même pas l'idéee selon laquelle par un "obligationnisme" mystérieux le devoir se substitue au sentiment. On peut facilement s'enferrer dans la très neuve idée d'un libertinage en oubliant le principe essentiel d'une construction. Ne devrions nous pas parler plutôt de plaisir ou de recherche de plaisir, voire d'oubli, mais en cela plutôt non d'une liberté mais d'une drogue. Alors quelle boite?

Donc c'est le bonheur qui étend ses tentacules, dans des boites, celui qui dit qu'il ne faut pas se prendre la tête, c'est vrai que ça peut faire mal, qui instaure que la moindre réflexion empêche de vivre et que toute pensée un tant soit peu personnelle est un pessimisme, le bonheur qui met en boite. Le bonheur comme prison, projection univoque d'une humanité sans diversité.

Alors quelle est ta boite?

Djü



samedi 4 août 2007

Miroir, miroir...

Djü photo "Miroir vu de dos"





Il est étrange il est beau et de son slip rien ne transparaît sinon l’image potentielle d’un sexe à prendre. Elle est belle, elle est prude, si ce n’était son expérience et sa tendance clairement exhibitionniste on croirait qu’elle est vierge. Alors on passe, on regarde on observe en réalité on se compare. Dans un miroir qui nous absorbe et n’accepte ni équivoque ni liberté. Quand ce miroir jette la liberté c’est parce qu’elle lui ressemble et à lui seul. Lorsqu’il parle de fraternité c’est pour son bien propre et enfin quand il s’agit d’égalité c’est qu’il sait bien, lui qui n’est que le reflet le plus parfait, que l’égalité ne sert que ces êtres de pouvoir qui par manipulation ou toute simple absence de conscience en appèlent au reflet et à la ressemblance pour noyer leur inavouable différence. Car le miroir a compris, le modèle tente désormais de se reconnaître dans l’image, dans le reflet, dans la ressemblance. Qui donc ne déprimera pas cette année de ne pas avoir été à la plage, pour ceux dont l’obligation est de pouvoir se le permettre. Pour les autres il restera l’injustice de "Paris plage" ou du choix, oh combien douloureux, de ne pas avoir de vacances pour toucher plus « de tune ».

Mais la mode et les modes ne s’arrêtent pas là, il s’agit de bon ton. Nous avons donc traversé la naissance du string en Europe, les seins nus, la disparition du slip, l’apogée du porno, la chute de la culture rock, la mort de la république…Et j’en passe de meilleures, pour en revenir à une étiquette. Et oui, mesdames messieurs, il est de bon ton de savoir se tenir et de savoir ressembler à son prochain. Attention pas n’importe quel prochain y a du choix à l’origine, des milliers de communautés pas moins paumées les unes que les autres pour preuve elles passent de l’une à l’autre. Le punk est aujourd’hui tout à fait capable de transporter des valeurs traditionnelles de l’ordre du catholicisme. Bon signe donc si l’on s’attend au punk musulman. Ceci dit, il est des absorptions qui ne se pratiquent pas. Le politique et la consommation sont les matières, tout ce qui sort de ce lot n’a pas le droit à l’existence. Et l’on s’étonne que les pays occidentaux, vieux pays marqués de traditions et de traditions dictatoriales à défaut monarchistes, se soient munis de personnages au désir de pouvoir le plus douteux : Bush, Sarkhozy, Poutine… L’amour de l’autorité aurait-il la dent dure ?

Mais ne fustigeons pas l’amour, fustigeons l’avenir et le reflet qui nous en est donné. Nous prendrait-on pour blanche neige, pour la reine ou les sept nains, personnages de contes certes utiles mais grand jamais pour l’exemplarité d’une vie tant ils sont éloignés de la réalité digne d’un être humain ?

Djü

mercredi 27 juin 2007

Parabole

Il est toujours étrange, beau, douloureux et effroyable à la fois, que de voir la parole se taire, un temps seulement ou plus longtemps. Cela arrive souvent de manière si inattendue, si violente, si évidente, que celui qui la perd en reste d’autant plus coi, comme assommé par le silence de la voix de son âme. Cela dure parfois une vie et se confond bien souvent avec ce confort de mouton, cette manière satisfaisante de faire cramer une vie sans même se rendre compte qu’on en a déjà fini. Confort.

La parole se tait sous le dictat d’un réel qui, en réalité, n’est jamais qu’une autre parole, bavarde, hurlante, telle une sirène (dans les deux sens du terme) ininterrompue, pesante et pressante, illusionniste à souhait et totalitaire. Cette parole beuglante se veut également totalisante, pragmatique, chevillée au réel et inspirée par des idéaux devenus instances de validation d’une réalité qui saute, paraît-il, aux yeux.

En vérité, cette parole est, surtout, envahissante et, de surcroît, violente mais non dépourvue d’instruments sédatifs relativement raffinés et nécessaires pour que suive le troupeau.

Ainsi, la parole qui se tait mais qui laisse trace de son passage, de sa présence, qui se retire radicalement tel un ressac puissant, cette parole qui échappe soudainement à soi, qui s'échappe de soi, est celle-là même qui dans cette absence constatée (ou non) se rend, queue entre les pattes, genoux à terre. Elle substitue à la réalité qu’elle propose une autre parole qui, elle, s’impose. Non que la parole criarde soit plus pertinente, mais elle sait jouer de la force, de réseaux de diffusion puissants et bruyants qui font taire les paroles moins audibles. L’ordre est alors du côté de la cacophonie anarchique d'une pseudo raison et de son bruit.

En vérité, la parole la plus sensée et la plus profonde est et reste bien celle que l’on se tient à soi , un soi purifié de ces discours cacophoniques et généralement prescriptifs, discours nimbés de puissances adossées à des évidences sociétales et "culturelles".

La parole véritable est alors solitaire. Mais fragile. Elle ne se mesure à d’autres réalités que celles de celui qui la profère et cela indépendamment des effets qu’elle produit sur autrui. Elle se « mesure » si peu et à si peu de « réel » qu’elle s’en trouve facilement ridiculisée car sans autre étalon qu’elle-même. En cela elle est courageuse. Mais fragile. Tout comme la vérité la plus inaccessible reste et restera inaudible. Comme une parabole. Mathématique, inflexible et juste.

Aussi, la parole la plus vraie, la plus proche de l’essence qu’elle tente vainement d’approcher, de toucher, est aussi la parole la plus étrangement volatile, la moins « utile », la plus attaquée également, et pourtant la plus "dure", la plus minérale, la plus asymptotique, elle est ce courage pour la vie plus que pour les « choses », pour l'insondable plutôt que pour le flagrant.

Elle est ainsi la plus fébrile et la plus rare.

Loo

mardi 29 mai 2007

La journée de la fête

Journée sans tabac, journée de la courtoisie au volant, journée de la femme, journée sans voiture, journée de solidarité, journée de dépistage du cancer de la peau, journée du patrimoine et même, journée de la santé du pied, journée de la francophonie, il y a même la journée mondiale du soleil. Et puis, les fêtes, celle de la bière, des mères, fête de l’humanité, fête de la morue, fête de la nature, fête des lumières, des mère-grands, fête de la musique, des pères, fête de la science, fête des voisins… On ne s’en sort plus. À quand la fête mondiale des sardines en boîte, à quand la journée internationale des utilisateurs de chiottes à la turque, à quand la journée de ceux qui la porte à droite dans un caleçon de gaucher, la fête du chasseur, des paires de couilles, la journée du sanglier, des ovaires, la fête de la brosse à dents, la journée des grabataires, la fête des p’tits n’enfants, la journée mondiale de l’allaitement au sein, la fête des fétichistes du mamelon, la journée sans relation charnelle, la fête du triolisme, la fête des gens contents, la journée des déçus de la vie, la nuit des mort-vivants, la fête des catholiques de confession musulmane, la journée de la voix d’opéra, la fête de la femme de ménage, la journée universelle contre la mort, la fête de la vie, le jour des saint (zut ça c’est bon) ? Et ainsi de suite.

Le ridicule ne tue pas, il n’y a là-dessus aucun doute à avoir. Ça ressemble à ces trucs dont on a découvert l’efficacité et le succès une fois et une seule et qu’on ressort à toutes les sauces sur des thèmes aussi variés que contradictoires.. Parce que ça marche, ça endort, ça rassure. Ça crée du nouveau, de la solidarité, de la fraternité, du politique, du lien social. Comme une blague foireuse.…

Cela ne comble, en vérité, que du vide. Et encore, même pas celui dont le peuple serait la victime inconsciente. Il choisit en réalité bien plus que ne le disent nos chefs. Ce vide est plutôt celui d’une poignée d’hommes d’élite en manque d’idées proprement politiques et dont l’intérêt bien senti a bien compris l’utilité de remplir le temps des peuples de tout prétexte à faire la fête ou à se « mobiliser » pour telle ou telle cause de bon aloi festif ou moral ou les deux. L’on finit par y croire à force d’enfoncer le clou. D’ailleurs, à ce rythme, il faudra bien une fête des journées ou une journée de la fête. Ça deviendrait vite orgiaque sans limitations thématiques… Il faut un thème. Ça « formalise ». Alors, évidemment, il faudra préférer des thématiques politiquement correctes. On imagine mal une journée internationale de l’anarchie. C’est d’ailleurs malheureux, car étant donnée l’efficacité de ces événements organisés à profusion et encouragés par la puissance publique, il ne fait pas de doute qu’une telle journée signerait à peu de chose près la mort de l’Anarchie politique. La musique pâtit à n’en pas douter de cette merveilleuse invention de Jack Lang. DJ guinguette, musique de bastringue, guitare de feu de camp et top cinquante se tirent la bourre pour le plus grand « bien » de l’art du son. Il y a du contrôle social dans ces artificielles communions rendues indispensables par les puissances médiatiques et les faiblesses humaines.

Ce soir, c’est la fête aux voisins. Préparation des meilleures blagues… Foireuses. Faut bien s’adapter pour se faire apprécier, en viennent à croire les croyants des fêtes et journées foireuses. Contrôle et auto-contrôle sont des mots qui vont si bien ensemble.

Loo

samedi 26 mai 2007

Kultur marchande

"Kultur & dog" by Loo


Ainsi Don don don, les petites… Drôle de bordel dans lequel nous voilà rendu. Le don, la donation, le don du don, la re-don-dance… Il fut question du don fétichisé se résumant à une forme d’aliénation pour le donateur et pour le destinataire du don. Il fut question du don vénéré, adoré par celui qui donne et par celui qui ne donne rien, comme le croyant et l’athée aiment leur icône, il est question, encore une fois, de la fétichisation du don, de la fétichisation surtout. Autrement dit, du don et du reste (culture, cuuuuuuuuuultuuuuuuuure), devenus marchandise :

« Marx, écrit Adorno, définit le caractère fétiche de la marchandise comme la vénération de ce qui s’est fait soi-même, de ce qui, comme valeur d’échange, s’est aliéné aussi bien de son producteur que de son consommateur, c’est-à-dire l’homme ».

Adoration et vénération de l’objet, de la chose, de la marchandise, qui sépare l’homme de lui-même, vénération davantage investie dans l’objet que dans l’homme. Objet ici pensé et vécu comme la chair de la chair, comme organe propre au corps et à la pensée, comme construction sociale et psychologique, comme construction radicale de l’homme, du soi.

Aussi, le travail pensé en termes « modernes » de production d’objets, puis de services (peut-être viendra la production du vent !), est-il également l’oubli de l’homme du point de vue de ce qu’il est. Confrontation hystérique et historique entre l’être et l’avoir, bataille décisive qui voit la victoire sans bavure de l’avoir sur l’être.

« Une conséquence immédiate du fait que l'homme est rendu étranger au produit de son travail : l'homme est rendu étranger à l'homme. ».

Il balance ce bon gros poilu de Karl M. et sans plus de complexes que ça. Merci aux libéraux pur jus de me balancer leurs contre-arguments, leurs insultes et leur insuffisance.

Il faudra ajouter, que l’homme au sens de Marx, reste parfaitement familier et connaisseur de TOUT... Sauf de lui-même, à savoir qu'il est à l'écoute de toute matérialité fétichisée. Pas cool. Freud n'aurait pas dit autre chose !

Le slogan serait donc : tout sauf l’homme. Voilà à quoi, au fond se réduit la logique du fétiche. À savoir : passer sa vie à chier (c’est matérialisable jusqu’aux effluves), baiser (d’aucuns et d’aucunes ne le firent, ne le font et ne le feront que pour s’assurer qu’il ne disparaîtront pas après leur propre mort, matérialisation du désir et, surtout, de la peur d'y passer), éructer, vomir (z’y vas, touche tes glaires !), tomber malade (avec la culpabilité que cela suppose vis-à-vis de la hiérarchie bouffonne structurant ce monde-ci), bouffer (à s’en faire péter le bide), vider (ben… la vessie !), remplir, jeter, prendre, acquérir, acheter, s’approprier.

Adorer la propriété. Le fétiche par excellence...

Adorno :

- « Ce qu’il y a de mystérieux dans la forme-marchandise consiste donc simplement en ceci qu’elle renvoie aux hommes l’image des caractères sociaux de leur propre travail comme des caractères objectifs des produits du travail eux-mêmes, comme des qualités sociales que ces choses possèderaient par nature (…). ».

Loo
:

-
Putain, comme tu te la racontes à mort, t’as pété un plomb mec. Tu veux dire que, par exemple, ma hyper chaîne stéréo que je me suis payée à l’insu de ma sueur et de la gonzesse qui motivait c’te tuerie de sono, c’est un truc qui veut dire que j’le vaux bien aux yeux de la meuf et des miens mais pas au sens de ma vie ? T’es gueudin ou quoi ?

Adorno :

- Simpliste et réducteur, mais en gros c’est ça. Pis d’abord, c’est pas avec vos yeux que vous voyez . C’est même pas les vôtres d’ailleurs, bande de dégénérés. Ceux du corps social...

Loo :

- C'est la même chose, c’est bon, me fais pas la leçon.

Adorno :

-
Et puis il s’agirait moins de ta vie que de la connaissance que tu en as, pauvre crétin, des choix que tu fais dans l’orientation que tu lui donnes, des vénérations qui sont les tiennent car tu n’es rien d’autre qu’un iconolâtre. D’ailleurs, la preuve : tu m’adores, bouseux que tu es.

Loo :

-
Tu me traites ! Vas-y, joue sur les mots, tout ça pour avoir raison et la jouer subtil. Va niquer ta mère.

Adorno :

-
Allez, du balais, vermisseau, pas qu’ça à foutre moi ! »

Bon, j’me barre, on peut pas discuter avec ce genre de mecs.

Et voilà ce que précise mon très cher (et gros enculé, p’tain comment y m’a parlé ce con) Adorno :

« Le consommateur adore vraiment l’argent qu’il a dépensé en échange d’un billet pour le concert de Toscanini ».

La Kultur surfant sur les pentes glissantes du libéralisme, qui ne se gêne pas pour faire des objets de l’art des biens de consommation (culturels, mais faut-il le préciser ?), pousse son « consommateur » à aimer l’argent qu’il dépense à s’acheter sa condition et son rang avant même de penser à l’art… Et ça marche !

La voilà la plus-value culturelle. Point de flacon, tout juste l’ivresse des biftons encore chauds qui glissent entre les doigts et qui ne sont rien d’autre que le frisson d’un faire valoir plutôt que d’un faire être.

La valeur d’échange prive de la valeur d’usage. C’est le prix à payer de l’oubli de soi pour se produire une valeur qui a si peu à voir avec l’homme et, surtout, avec sa misère congénitale, avec sa condition.

Nouveau fétiche : la modernisation : elle vise à ringardiser tout point de vue en désaccord avec le sien. Pourtant, la modernisation est un retour aux fondamentaux, aux valeurs les plus conservatrices. Elle impose qu’on laisse choir ces « combats d’arrière-garde » (qui consistent à préférer l’homme envers et contre tout) au profit de la vénérable croissance et d’une conception du mieux-être individuel dont bénéficierait le collectif. Et ça n’a pas vraiment l’air de fonctionner!

Continuons donc à faire valoir et à se faire valoir plutôt qu’à valoir réellement. Hein que c'est vrai, Théo ?

Loo

jeudi 24 mai 2007

Sans espoir de retour…


"Vide" photo Djü


Assez soudainement le mot « donner » est réapparu dans d’autres bouches que celles habituées de présentateurs croulants ou de stars vieillissantes en recherche d’existence ou simplement en promotion. Oui on a entendu parler de donner, et plusieurs fois, en politique la chose est assez rare pour qu’elle soit notée. Mais « donnant-donnant », ça n’est pas pareil que donner tout court. Donnant-donnant, c’est comme cela que l’on dresse les bêtes. Est-ce donc la nouvelle façon dont nous nous considérons et par la même dont nous sommes considérés. Parce que nous quantifions le don comme dans un bon dressage, en bonne et due forme, et de manière pragmatique il ne faudra pas chercher d’amour chez la bête dressée mais bien l’attachement sincère et égoïste à du quantifiable. Le donneur-receveur se contente lui de l’inquantifiable idée de l’attachement sincère, néanmoins obtenue par de quantifiables carottes. Voici donc la proposition moderne du don. On donne des sous, des médicaments, de l’amour, loin parfois de savoir si l’on donne au bon endroit, peu importe puisque l’important est de recevoir en retour. Donnant-donnant. On donne de tout, c’est que c’est la logique consumériste, mais surtout peu de soi, et quand on donne un peu plus c’est qu’en réalité il s’agit de prendre.

Cette proposition est pourtant peu séduisante si l’on considère que la valeur du don se justifie justement par son désintéressement. Cependant le libéralisme forcené individualise et justifie le calcul quand bien même il mène à un esclavage. Donner librement c’est ne pas espérer de retour. Manquer à soi même c’est ne pas avoir d’espoir de retour. Manquer à soi même c’est se faire dépouiller de ses actes, de son Fatum. Donnant-donnant sans espoir de retour …

Djü

lundi 21 mai 2007

Parle à ma tête mon cul est malade

"Ideas" by Tibarama


Parce qu’en fait de tête, si mal tenue par la ménagère que l’on s’évertue à être, ménagère en rationalités, il s’agirait plutôt d’admettre que l’on s’occupe davantage de la propreté -et d’une forme d’ordre à faire régner- de notre cul en termes d’inconscient et de conditionnement, que de pensée.

Il est d’ailleurs parfois question de « tête de bite », expression courante recouvrant autre chose qu’une simple ressemblance physique -encore que- stipulant par ailleurs que la bite est infiniment idiote (il faudrait en fait dire bestiale, tout le contraire de la bêtise). Notons que "tête de cul" n'est pas usité.

Le bon sens n’est pas toujours de bon conseil. Loin de nous l’idée qui consisterait à faire équivaloir la tête et le séant, pourtant, l’étron aime à se nicher, profondément au chaud, et plus souvent qu'il n'y parait, ailleurs qu’en son lieu naturel … La tête n’est pas suffisamment bien faite pour refouler ou rejeter les roquettes fécales qui s’y trouvent. Elle est, en même temps, si bien faite qu’elle peut en héberger des colonies entières. Aussi pourrions-nous légitimement risquer l’idée qu’une constipation du derche puisse conduire à rendre malade cette vénérée, et si cartésienne, psychè.

Dès lors que les familles décident de régler la question du cul, du propre, du coprolithe psychiquement acquis, avant celles de la tête pratique et à pratiquer, là, en effet, commence la fossilisation neurologique, et par suite les premières céphalées plus ou moins conscientisées.

Ainsi, en arrive-t-on à ce stade de la rationalité développée familialement et scolairement où la tête pense comme un cul, et souvent moins parfaitement qu'un vulgaire trou de balle tout entier engagé à sa fonction primordiale. Quoi ? Un cul ne pense pas ?

Ce moment d’intimité bestiale rappelle, pourtant, de manière fugace, certes, aux malades de la tête qu’ils ont une tête. Qu'il vaut mieux que leur cul ne s'occupe que de ces fesses qui, elles-même, leur rappellent qu’ils ont une tête (Le paradoxe des chiottes). D’où la facilité d’y lire des littératures plus ou moins littéraires pour s’oublier, pour oublier que nous sommes pourvus d’une tête.

Il faut, en effet, avouer que ce cul, si dénigré fut-il, remplit généralement sa fonction bien mieux que la tête n’accomplit la tâche qui devrait être la sienne : penser. Cette tête incroyablement dégénérée qui va jusqu’à rendre malade ce cul qui n’a rien demandé, cette tête qui va jusqu’à se mettre en conflit avec les éléments qui lui assurent son équilibre, popotin compris.

Ainsi, en va-t-il de nos moralistes dont le cul malade ne peut même plus s’en remettre à une tête qui a déclaré forfait depuis trop longtemps. Si encore le fait de penser avec un cul -son colombin et ses odeurs putrides- était connu et assumé comme une inéluctable condition. Nos moralistes pensent par leur cul en le prenant pour leur tête!

Les voilà ces « prêtres » s’accrochant au mirage et à la vertu de la raison. Alors qu’ils échangent et se disputent par fondements interposés, c’est bien en lieu et place de ces fesses neuroniques, maladives et contagieuses qu'ils combattent, dans le vide, le regard figé sur les fesses de Don Quichotte, c'est en lieu et place de ces culs synaptiques, qu’ils auraient dû penser, et non chier, pour soigner le cerveau, organe qui, par excellence conduit à la production de futilités aussi bien intellectuelles que physiologiques : le « pet ».

Ainsi, du « souffle » à la psychè, il n’y a rien. Rien d'autre que le moraliste lâchant ses vents sous prétexte que cela soigne son corps. Pourtant, l'oubli premier... Le soin de la tête!


Loo




mardi 15 mai 2007

Le "don": un fétiche


"Contrast" by Loo




Les définitions pullulent et s’accoquinent parfois avec tant de contradictions qu’il en devient difficile d’y voir clair. Les écrits sur la question sont prolixes, à commencer par la théorie de Mauss, plus sociologique, d’ailleurs, que psychologique et moins encore existentielle. « Le risque du don maussien - donner, recevoir, rendre - est d'être entendu sur un mode simplifié, positiviste » écrit Jean-Jacques Tyszler.

La théorie du don et du contre-don à l’heure de l’Homo Consumptor, Mauss le note lui-même ne suffit pas absolument à penser le don comme il se propose aujourd’hui, à l’heure de la rationalisation marchande de la donation, voire de la mercantilisation de la donation de soi :

"Libenter accipit, beneficium reddidisse" (Sénèque)- bien recevoir (de bonne grâce, de bon coeur, en sachant gré à l'autre) c'est d'avoir rendu le bienfait. Cette approche n’a plus de sens au regard de ce que devrait être le don. Mais, au contraire, elle n’en eut jamais autant face aux sousbassements psychologiques produit par le rapport au monde du tout puissant néo-libéralisme économique. La magie de l’argent n’a, en effet, jamais été aussi puissante. Interprétation réactualisée : point de don mais à la place un achat sonnant et trébuchant. On ne donne plus, on investit peut-être. Et par là on s'achète une bonne conscience, on s'octroie par le don un droit pas très légitime sur autrui, on oblige l'autre... Et on se débarrasse de l'horreur du don de soi, d'une forme de relation désintéressée. Une relation est toujours intéressée, au moins au sens noble. Certes. Personne ne le niera. Cet intérêt là revêt une certaine beauté lorsqu'il se nomme amitié, amour... En attendant, il reste que le don conçu par l'homme post-moderne est animé par des mécanismes souvent aliénants dont les ressorts inconscients et le ressentiment qui l'accompagnent parfois ne rassurent guère.

Ainsi, le "bien recevoir c'est d'avoir rendu" est utilisé avec profit par ces veaux de marketteurs pour montrer la voie à ces vaches "consum-cit" (consommateurs citoyens). À préciser, cette évidence latine où "consommer", étymologiquement, n’est rien d’autre que "faire la somme", "accumuler". Pas même besoin de savoir compter, soit-dit en passant, pour faire cette somme là.

Du capital et du consommateur le nourrissant, il faut aussi faire la somme. Et le don devient l’un des arguments d’excellence pour décomplexer l’acheteur ou pour l'enjoindre à s'endetter. Même lorsqu’il s’agit de "dons" rétrospectivement destinés...à lui-même. Ainsi donc, des chèques cadeaux auto-destinés ou pas (cela revient finalement au même), des soldes, du prix le moins cher affiché en couleur chaudes mais franches pour prévenir de la générosité « gratuite » dont il est fait preuve. Il s’agit bien de vendre, de draper du don pour mieux se vendre. Et, de fait, acheter et vendre, c'est aussi s'acheter et se vendre.

Quand il s'agit du don fait à autrui, la transaction ne prendra sens que dans l’idée que se fera le destinataire du don, de la valeur marchande de l’objet reçu. C’est même à cette valeur qu’il s’évaluera et qu'il fixera le prix de la "passe"! A l'opposé celui qui "donne" achète bien quelque chose. Le rapport acheteur-vendeur existe bel et bien dans la mécanique du don. Si économie il y a, il faut parler d'économie de marché. On en revient , au fond, au couple don et contre-don.

Fait intéressant, pour sortir la valeur "Don" du donnant-donnant et du chantage. Il provient du psychanalyste Jacques Tyszler. Il défend, certes, son bifteck. Il faut bien! La psychanalyse peine à conceptualiser ce qui s’opère déjà depuis longtemps. Reconnaissons pourtant à ce monsieur de l’illustrer, non par l’analyse historique mais par celle des mécanismes animant sa propre discipline :

« La psychanalyse comme praxis ne relève pas d'une économie du Don, pas au sens où la médecine classique légitime son action par son serment sacré. Il y a un déplacement qui peut résider dans le courage de ne pas donner » Jacques Tyszler.

Il est sympa le gars. Sauf que le serment d'Hyppocrate, il est un peu cramé quand il s'agit de s'entretenir entre spécialistes se refusant à soigner des patients couverts par si peu lucrative CMU. Peu importe ce qui est intéressant ici : "le courage de ne pas donner"! Il faut d'ailleurs le payer cher notre bon vieil analyste.

Du courage, il en faut, du moins pour ne pas donner et recevoir de manière ostentatoire et dans des logiques ou le don est à consommer sans modération et sans se préoccuper des poisons qu'il contiendrait. Poison et contre-poison.

Il donne un exemple symboliquement décisif quant au sens du don :

« Un jeune patient, musicien talentueux se plaignait du peu de générosité de son père. Ce dernier refusait obstinément de l'aider financièrement alors que sa situation sociale l'y autorisait, il ne donnait rien. Ce père, musicien également, avait eu pour père un maître hassidique. Ce patient retrouva à ma demande les linéaments devenus obscurs d'une transmission où le don n'est pas matérialité. Il se rappelle des moments brefs mais décisifs durant lesquels son père lui transmit le talent qui désormais fait sa vie. Le don pour la musique ne peut-il suffire comme cadeau de la vie ? »

Cette illustration est assez parlante et met en relief l’idée selon laquelle le don ne peut en aucun cas s’interpréter en termes d’utilitarisme, de simple matérialité, d'instrument pour produire finalement, chez celui qui reçoit, la pression du Don toujours déjà Dû et à rendre, donc. La dette. Plutôt que de don, il faudrait parler de prêt. Et en ce sens, le travail à accomplir est bien de se dégager de toute forme d’immixtion de l'autre en soi par le biais d'un don qui n'en aurait que le nom. Car le don ne se présente pas dans le style pompier des fêtes de Noël. Il arrive même que l'on passe à côté, voire à côté de celui que nous faisons nous-même à autrui et à soi-même.

Il faudrait donc repousser au plus loin les "puretés" familiales et autre, les générosités mitées qui ne consistent qu'à se faire valoir quand on ne se sent pas valoir grand chose. Le don, chose bizarre, qui puise dans l'idée inattaquable de gratuité et d'abnégation pour, en réalité, s’acheter ou se racheter une place de choix dans le cerveau de celui qui reçoit (supériorité de don sur le prêt). C'est-à-dire, également, se payer une présence. Et par là même -ah "sacrés proches"- s’offrir le luxe de l’ingérence dans l'intimité de celui qu'on veut enchaîner ou auquel on veut s'enchaîner. Le sacrifice présenté comme don n'est pas gratuit, sauf cas rares et liés à des contextes historiques sombres.

Cela se résume finalement en une radicale nietzschéade sur la confiance à rapporter au don :

« Contre les familiers. – Les gens qui nous donnent leur pleine confiance croient par là avoir un droit sur la nôtre. C’est une erreur de raisonnement ; ces dons ne sauraient donner un droit ». Nietzsche, Humain trop humain, I, §311.


Loo



samedi 12 mai 2007

Une chienne se lève

"Morning" by Loo









U
ne chienne se lève,

Laissant là, couilles et vit,

Chaos, beaux du matin,

Espoirs, malins de crépuscules,

Pensée fluette et pure,

Falote, brute et fine.


Jouir, Boursoufler.


Sans bavette, à même soi,

Pipette. Attente.

Richesses à plein, de rien

Et briques de désir, tête en premier,

Trique dans le mur.


Fuir, dévider…


Beau, mûr. Trop mur,

Crétin et Bouffeuse,

De béton,

Tarte à la crème,

Du maçon, du mûr, d’une mère,


Une chienne se lève.


Marta & Loo



jeudi 10 mai 2007

Ptéropsychologie présidentielle

"Dove in nature" by Tibarama



Le citoyen a fait son devoir. À l’ancienne ou non. A la missionnaire, en levrette... 77 villes expérimentaient le vote électronique. De Villiers n’a d’ailleurs pas ramené sa fraise déconfite. Le citoyen s’en est bien passé et le rituel eut lieu sans encombre. Avant ou après icelui (le rituel) il a pu s’adonner à ses manies dominicales. La ballade familiale du sédentaire plutôt qu’une bonne partie de jambe en l’air, le programme aberrant du sport de la première chaîne plutôt qu’un footing tout aussi aplatissant, une partie assainissante de tennis plutôt qu’une méditation "polluante" sur l’être, l’oubli rassérénant d’un bon programme plutôt que « l’horreur » récérébrante d’une quête de soi.

Dès 17 heures, ce 6 05 2007, date historique, les choses sont fixées. L’écart est trop important pour que le doute reste possible.

Ceux-ci débouchent le champagne, promettant aux autres des lendemains qui déchantent en trinquant à l’avènement de leur propre richesse et d’une France qui mettra des coups de pied au cul de l’autre France, tandis que ceux-là se morfondent en un marasme encore plein d’espoir se promettant de se mettre en situation de rébellion pour protéger leur cul propre si la tendance se confirmait.

A 20 heure, Nicolas Sarkozy est consacré.

Les discours s’enchaînent rapidement, Royalement. Le (la) vaincu(e) s’affiche en meneur(se) de révolutions (parlementaires) à venir. Le vainqueur, très hollywoodien, le fait sur un registre similaire, faussement humble et se la pète péplum encostumé. Les pauvres, les riches, les malformés, les vieux, les gauchistes et les fascistes formeront une France Une et unifiée à la pointe de la pure lame du glaive de l’espoir . C’est noté.

Et puis il faut se retirer. Le Président doit, du fait de sa gravité, « habiter » la fonction. Le voilà disparu, la meute journaleuse aux trousses. L’est où ? L’est où ? Quasiment deux jours avant que ne sorte le très symbolique « Paloma » bolloréen.

Il ne s’agira pas d’une colombe, mais d’un bateau, très gros quand il s’agit de ne transporter que quelques hommes. Peu importe. C’est une retraite. Une caverne flottante, un antre comme un autre, celui, surtout, de la sagesse, car la fonction l’appelle de ses vœux. Suivra un retour en Falcon. Paloma, Falcon, le bestiaire ailé est au complet. On vole déjà très haut.

Le « Falcon », une flèche dans le ciel, comme pendant du « Paloma », instrument de la retraite. Le « Falcon » ira vite et droit au but, le « Paloma », immaculé sur les flots purifiera par le temps, le silence et « l’absence ».

« Paloma » : la colombe. La culture judéo-chrétienne l’a identifiée au Saint-Esprit. Notre bon Président serait-il en bons termes avec Ce bon vieux ? Avec cette Paloma, fondamentalement symbole de pureté, de simplicité et de paix ?

Rappelons-nous : cette colombe qui, dans le Nouveau Testament apporte le rameau d’olivier à l’arche de Noé, un symbole de paix, d’harmonie, d’espoir, de bonheur retrouvé. Le voilà le bateau tout plein d'animaux, de peuple en perdition, de français malheureux!!! Paloma serait donc l'arche de Noé....

Et Bolloré qui, étymologiquement, signifie « buisson de laurier » !!!! Laurus nobilisSymbole de la Victoire. Que manque-t-il au tableau ? L’éros ! Car la colombe, dans ces aires culturelles qui sont les nôtres, pour être l’oiseau d’Aphrodite, est aussi la sublimation de l’instinct, l’accomplissement amoureux que l’amant offre à l’objet de son désir. Ainsi, Paloma est désir. Sarkozy DANS Paloma chercherait-il à se faire Désir, à s’identifier à une carcasse flottante ne sachant point voler mais représentant symboliquement le potentiel de la colombe aviaire?

C’est tentant. En attendant, cela fait beaucoup…

Récapitulons. Pureté, victoire, désir. Tout cela est dans Paloma. Bien que celle-ci soit submersible, il n’en reste pas moins qu’elle concentre autour d’elle, et avec l’aide de ce victorieux propriétaire, tout le refoulé du Sarkozy et de son désir. La colombe, cette pureté, ce symbolisme issu de la beauté et de la grâce volatile (…) effectivement caractérisé par son immaculée blancheur et par la douceur de son roucoulement.

Notre rutilant Président va susurrer… Il va roucouler… Il va dire son amour. Cinq années durant. Dix peut-être. Car l’amour aime aimer, aime durer, aime s’aimer.

Dans le ventre de Paloma, le Président est LA colombe et sa symbolique. Il est Paloma. Image de la féminité et de la virginité.

Voilà, à l’instar de ces belles que l’on appelait « mon âme », « ma colombe », Nicolas le Président se prépare en sa retraite à s’incarner comme âme du peuple… La « belle » du peuple.

La colombe est sociable et ne supporterait guère d’être rejetée, d’autant que son interlocuteur privilégié est, aujourd’hui, le peuple, sa maîtresse, c’est-à-dire l’Histoire.

En réponse à la fine tactique de la Colombe, le peuple peut alors tenter de se faire désirer, par les moyens qui seront les siens, en jarretelles ou en guêpière.



Loo


vendredi 4 mai 2007

Ode au vieux Bukowski

"Gun" by Tibarama



M
on pote, le bon vieux Buck était spécialiste en enfonçage de portes ouvertes. Tel fut son art, assumé, avec plus ou moins de verve mais toujours prêt, histoire de voir si la porte ouverte résistait. L’enfonçage de porte ouverte est un art en effet, pour la simple raison que la moindre résistance de celle-ci, elle peut d’ailleurs être entrouverte, est une raison supplémentaire de s’y frotter en bon pervers, de haut en bas, de droite à gauche, d’avant en arrière. Elle peut-être fermée… Aucune raison alors d’y laisser une épaule ou autre chose.

« Se lamenter sur un cadavre est aussi inconséquent que de verser des larmes sur une fleur qu’on vient de couper. L’horreur, ce n’est pas la mort, mais la vie que mènent les gens avant de rendre leur dernier soupir. Ils n’ont aucune considération pour elle et ne cessent de lui pisser, de lui chier dessus. Ils ne s’obsèdent que sur la baise, le cinoche, le fric, la famille, tout ce qui tourne autour du sexe… » *.

L’est beau le bon vieux Buck. Il pointe, il tire, il se fout des précautions, il va droit au but. Mais l’enfonçage de porte ouverte est un art. Ainsi, chier sur la vie c’est baiser comme un con (comme un con!)… La baise (on s’en serait douté, l’acte histrionique et hystérique), le cinoche (une évidence industrielle qui rend aux industries ce que les industries lui donne), l’oseille (l’essence même du cul, et du cinéma en passant, LE carburant), la famille (une vérité pornographique, un carburant idéologique plein de fesse qui permet même de se passer de la fraîche en la désirant ardemment), tout cela est pour-la-mort.

Bukowski, ou l’art bien compris d’enfoncer les portes ouvertes. Il est bon le coco. Un Fatum à lui tout seul…

« La majeure partie des morts l’était déjà de leur vivant (…). »

Qu’est-ce que tu fous Buck, tu te la joues là. Une petite « Nuit des morts vivants »? Une métaphore mignonne tout plein du Roméro qui cherche à comprendre ?

Non bien sûr, mon Buck, tu t’en branles des métaphores et du cinoche, tu l’as dit toi-même. Tu enfonces cette porte ouverte avec brio et avec l’élégance du bourrin majestueux. Tu ne chies même pas dessus, sinon par principe, mais surtout et avant tout, tu la conchies. Et cette esthétique débarrassée de plumes au cul, de pédagogies alourdies de zombies de supermarché, tu te paies le luxe de t’en passer. Mon Buck, Tu es chic, tu es « sortable », désinvolte, trivial et génial. Mon bien cher Buck, tu es pénétrant. Enfonce Buck, défonce la porte ouverte que d’aucun présente comme la fermeture absolue histoire de se réserver un livre entier (dont la trésorerie fera office de vérité insondable!) sur la question.

« La mort obsède moins, car on se sent si hébété en compagnie de ses frères bipèdes qu’on en oublie de penser ».

J’t’aime mon Buck, avec tes conneries, ton pétage de boulon et tes couilles pendues à la plume.

C’est quoi le délire, vivre jusqu’à la fin ? En lucide cynique ? En enfonceur de portes ouvertes ? Il faudra reconnaître cet art consistant à ouvrir l’ouvert et cette propension étrange à chier, au passage, dessus, ou plutôt à côté.

Bonsoir, mon très cher Buck, mort au champ d’honneur de la Vie et de ses humeurs, un gun dans le cul mais pas seulement dans le sien. Et pour la bonne cause, sans médailles.

Loo