Perdu. C’est bien cela, perdu. Le verbe ne s’utilise plus que pour décrire l’absence de ce que l’on a possédé. Par opposition, par simple logique ou par éducation nous savons bien que l’on ne possède pas vraiment quoi que ce soit, mais ça ne change rien nous perdons quand même, et nous oublions bien vite que c’est nous que nous perdons. C’est qu’il faut tout consommer, tout consumer pour en éprouver l’essence, par évaporation, et alors nous pouvons croire que nous ne sommes pas perdus. Car on ne se perd pas sur les sentiers de la normalisation. On ne se perd pas, même si on va à l’autre bout du monde, non dans ce cas on se dépayse. On ne se perd pas, mais on perd clairement le sens du mot se perdre.
Perdu ? Comment se perdre quand on a un métier pour combler son identité. On est plus soi, on est un métier et à dire vrai cela suffit amplement à combler les vides dans les conversations. Il y a le TRAVAIL, pas nécessairement en accord avec sa vocation mais peu importe, on ne peut pas tout accorder comme un violon, et le travail c’est l’aplomb social qui permet de consommer « normalement », c’est le statut et la stature pour les plus élevés, pour vivre « normalement », même si ça n’est plus vraiment la santé qui prime. On ne peut être perdu quand des bornes aussi précises et inflexibles tracent si bien la route de la nature humaine, mieux encore de l’identité personnelle. Tu es ton travail, tu es TRAVAIL.
Perdu ? Comment se perdre alors que tout est évident, à commencer par le couple et l’amour. Et nous vivons une époque formidable ou il est enfin possible de tout avoir, des amants, une FAMILLE, une vie sexuelle épanouie, libérée et pour aller plus loin libérale à défaut d’être libertaire. L’éducation des enfants n’a jamais été aussi simple, pour preuve l’école ne s'est jamais aussi bien portée et cela ne pourra aller que vers l’amélioration avec la normalisation de l’enseignement, la pensée commune et libéralisation du système d'éducation. Télérama fait front contre la télévision c’est pour dire. Tu es couple parce que le couple est amour et que l’amour est FAMILLE.
Perdu ? Comment se perdre quand on a un drapeau et une terre. C’est simple comme être fier de soi. C’est simple comme être constitué par son pays, par sa nation, sa PATRIE. Ceux qui sont en dehors de cette constitution sont des étrangers. Bon sang ou sont don passés les Camus, Calaferte ou Pavese. Ou est passée la PATRIE de la différence. Ou est passée la PATRIE de l’étranger. Car on est étranger, toujours à soi, souvent aux autres quand ils disent non, quand ils oppressent, quand ils « norment ». Être étranger c’est accepter de ne pas toujours comprendre, mais essayer. Tu es pays, tu es drapeau, tu es nation, tu es PATRIE .
Enfin tu n’es rien. Si être travail, famille patrie c’est être, depuis des millénaires, ça se saurait. Réaliser ses actes, le fatum de chacun c’est essayer sans craindre d’échouer. C’est risquer, risquer d’être seul, risquer de se rappeler vraiment de ce que c’est de perdre et d’être perdu.
Djü