dimanche 29 avril 2007

Et tu ne seras pas un affreux…

"1 seconde de télévision", Djü








Perdu. C’est bien cela, perdu. Le verbe ne s’utilise plus que pour décrire l’absence de ce que l’on a possédé. Par opposition, par simple logique ou par éducation nous savons bien que l’on ne possède pas vraiment quoi que ce soit, mais ça ne change rien nous perdons quand même, et nous oublions bien vite que c’est nous que nous perdons. C’est qu’il faut tout consommer, tout consumer pour en éprouver l’essence, par évaporation, et alors nous pouvons croire que nous ne sommes pas perdus. Car on ne se perd pas sur les sentiers de la normalisation. On ne se perd pas, même si on va à l’autre bout du monde, non dans ce cas on se dépayse. On ne se perd pas, mais on perd clairement le sens du mot se perdre.

Perdu ? Comment se perdre quand on a un métier pour combler son identité. On est plus soi, on est un métier et à dire vrai cela suffit amplement à combler les vides dans les conversations. Il y a le TRAVAIL, pas nécessairement en accord avec sa vocation mais peu importe, on ne peut pas tout accorder comme un violon, et le travail c’est l’aplomb social qui permet de consommer « normalement », c’est le statut et la stature pour les plus élevés, pour vivre « normalement », même si ça n’est plus vraiment la santé qui prime. On ne peut être perdu quand des bornes aussi précises et inflexibles tracent si bien la route de la nature humaine, mieux encore de l’identité personnelle. Tu es ton travail, tu es TRAVAIL.

Perdu ? Comment se perdre alors que tout est évident, à commencer par le couple et l’amour. Et nous vivons une époque formidable ou il est enfin possible de tout avoir, des amants, une FAMILLE, une vie sexuelle épanouie, libérée et pour aller plus loin libérale à défaut d’être libertaire. L’éducation des enfants n’a jamais été aussi simple, pour preuve l’école ne s'est jamais aussi bien portée et cela ne pourra aller que vers l’amélioration avec la normalisation de l’enseignement, la pensée commune et libéralisation du système d'éducation. Télérama fait front contre la télévision c’est pour dire. Tu es couple parce que le couple est amour et que l’amour est FAMILLE.

Perdu ? Comment se perdre quand on a un drapeau et une terre. C’est simple comme être fier de soi. C’est simple comme être constitué par son pays, par sa nation, sa PATRIE. Ceux qui sont en dehors de cette constitution sont des étrangers. Bon sang ou sont don passés les Camus, Calaferte ou Pavese. Ou est passée la PATRIE de la différence. Ou est passée la PATRIE de l’étranger. Car on est étranger, toujours à soi, souvent aux autres quand ils disent non, quand ils oppressent, quand ils « norment ». Être étranger c’est accepter de ne pas toujours comprendre, mais essayer. Tu es pays, tu es drapeau, tu es nation, tu es PATRIE .

Enfin tu n’es rien. Si être travail, famille patrie c’est être, depuis des millénaires, ça se saurait. Réaliser ses actes, le fatum de chacun c’est essayer sans craindre d’échouer. C’est risquer, risquer d’être seul, risquer de se rappeler vraiment de ce que c’est de perdre et d’être perdu.


Djü



samedi 28 avril 2007

Larmes d’encre

djü photo







Les mots monstres,

larmes d’encre,

rangent en rang les maux

Vies de papier que le temps lacère,

comme ombres et masques j’espère

Les mots montrent et rangent en rang les maux

Alcools, foi, rage dedans, adieu vipère

Moi aussi j’ai bien du apprendre à compter les coups,

Ordure, replis, blessures ?

Les mots monstres,

larmes de sang,

rangent en rang les os

Un souffle d’ange, une virgule et c’est déjà fini,

Un amour perdu, souvenirs déçus,

La solitude encore étreint,

Ne reste que les mots, larmes d’encre

Vies de papier, qui seuls disent,

Toujours disent, quand le souffle a fui

Et ne peut plus les suspendre


Djü



mardi 24 avril 2007

Tentation de poème

"1+1=a+b" by Tibarama








Profil


Tu portes mal
Le profil de la tristesse
Tu en aimes l’ire, obscène
Exhibe, chienne
Breloques du dedans
Larmes de néant
Le vase est plein
Percé de vie
Tirant à l’absurde
Profil aimable
En cela qu’il allège
D’adorations chrétiennes
D’efficiences en désamour
De marches vengeresses
De toi, surtout
Du rappel à l’ordre
De libres méditations
Si profondes et savoureuses
Suaves vitalités
Du profil, obscène
De tes courbes insensées


Loo


mercredi 18 avril 2007

Néomoralisme et vote utile

"Sky" by Tibarama


Les temps passés et pas si lointains focalisaient sur des constructions sociales dans lesquelles le travail, la sexualité et la famille pouvaient encore être la source de quelques raisons légitimes de sens et d’existence. Il s’agissait de cadrer, de moraliser les comportements bestiaux de la meute. Les temps récents ont perdu cette accroche, déjà merdique, en son temps. L’on pourrait penser qu’il s’agit là d’un progrès. La famille s’est désagrégée en une multitude de formes, le sexe est suffisamment débridé pour en considérer la dimension libertaire et libertine, le travail n’est plus une valeur dès lors que le chômage ou la précarité de l’emploi en constituent des données acceptables et nécessaires pour permettre à d'autre des salaires ou des parachutes équivalents à 2500 ans de smic.

Ainsi, la morale s’est déplacée. Ce qui, auparavant, restait dans l’ombre du politique s’est fait sa place au soleil dans le politique. Au point que le politique s’est accordé au diapason du moralisme le plus désuet pour le bien des vues économiques les plus libérales et les moins humaines. Pour le renouveler ! Voici donc revenir à grands frais la valeur travail, la famille et la sexualité dans les programmes politiques. Valeurs ou propagande?

La "morale" nouvelle est enfin arrivée. Reste à savoir si c’est le boulot du politique que de s’occuper de ces questions. L’Eglise serait-elle à ce point affaiblie qu’il faille lui redonner du corps ? Ou le politique serait-il à ce point vidé de sa substance qu’il lui faille pomper au religieux des contenus douteux ? A moins qu’il ne s’agisse que de vues électoralistes et stratégiques. Voter utile ! Pour des valeurs éculées qui ne brillent que par leur vacuité ?

Il ne faut pas plonger en pleurnichard coupable et effarouché dans des "utilités" instrumentalisées sans vergogne et contre l'idéal démocratique par des hommes et des femmes moins préoccupés par la Fraaaance (rajoutez les trémolos et le drapeau) que par la griserie du pouvoir. Il ne faut pas accepter la confiscation de ce qui reste de liberté, à savoir, le vote. Il ne faut pas se laisser moraliser à si bon compte. La peur ne peut servir d'argument politique et l'infantilisation du citoyen qu'il faut tenir par la main jusqu'au bouton de la machine à voter est une insulte à l'intelligence. Comment peut-on décemment choisir la logique du moins pire, quand elle se constitue elle-même, cette logique, d'une dose, même légère, de ce pire dont on nous rebat les oreilles histoire de faire en sorte que l'élection soit jouée au soir du premier tour?

Il faut voter, sans stratégie, pour qui représente au mieux les idées qui sont nôtres, pour qui correspond à nos luttes et à nos aspirations les plus profondes, il faut dire merde aux néomoralistes sans morale. Et cela en toute responsabilité, avec les risques que comporte cette responsabilité vis-à-vis de clowns se faisant passer pour des rebelles à la botte de valeurs imbaisables, nauséabondes, dès lors qu'elles sont la version la plus franche et la plus visible de ce que veulent faire passer en douceur les néomoralistes en quête de peuple, en quête de voix, en quête de pouvoir. Pauvres cons, ils sont de n'avoir saisi ce qui se jouait en 2002! La même sauce est resservie et Le Pen reste bien placé dans les sondages. N'y a-t-il pas un problème? La Français sont-ils viscéralement fachos? Ce qui est certain, c'est que le PS n'a jamais si fort fricoté avec avec les concepts de l'économie de marché et avec les conceptions droitistes de la patrie, du travail, de la famille et des délires sécuritaires de ces dernières années. Fatum sera inutile, comme toujours, se destinant sans visées, en route vers une destination inderminée, creusant un sillon qu'il recroisera peut-être.

Loo