"Sheep fatum" by Loo
Face à la déferlante des candidats on se retrouve confronté à ce dilemme de taille. Ils se succèdent les uns les autres et reviennent dans l’ordre, le désordre, le même ordre, le même désordre ou dans des inversions qui s’apparentent à des temps équitables de parole. Et puis les consommateurs que nous sommes, le dos calé histoire de n’avoir affaire qu’aux courbatures neuronales ou maxillaires en fin d’émission, mettons en branle toutes les énergies dont nous disposons pour que sorte du lot la machine de guerre que nous appelons de nos vœux. Celle du sens, celle du rêve, d’utopies que le politique, peut-être, serait à même de mettre en œuvre.
Alors, on se découvre patient, compréhensif, compatissant parfois. On est là, devant sa télévision, courtois et modéré, on s’est préparé, on est de sortie, raisonnable à la limite de la bêtise, on écoute, on attend, on se surprend à concéder telle ou telle vérité sur telle ou telle concrêtude : la dette, la situation internationale, les 35 heures, l’augmentation et/ou la baisse des cotisations, la banlieue, la hausse du pouvoir d’achat.
On s’est pris à rêver de destinées nouvelles et de richesses à venir, de mieux être collectif et individuel. En sachant peu ou prou, naïvement, que le goût de la discussion à laquelle notre désir et notre esprit participent se fait plus amer à mesure qu’elle se développe. Car elle ne se développe pas. Cette discussion est régie par la logique de la répétition. Dire la même chose et la répéter indéfiniment : il faut que ça rentre et la musique lancinante et répétitive de nos pros de la com nou y aide. Ce qui compte, c'est le rythme. Pas trop rapide(il faut pouvoir suivre), pas trop lent (sinon la zapette démange). Et ça finit par anesthésier les quelques neurones qui restaient encore en activité. Alors vient cette pensée aplanie, raisonnable par défaut, à défaut de mieux, sans colère, sans passion, cette adhésion -au sens d'adhésif- sans pensée.
Mais on rêve, on rêve encore un peu. De moins en moins, mais la flamme tient encore. De justice, d’humanité certainement, de solidarité aussi, de la fin des idéologies chosifiantes et mues par l’inique et structurant concept de "profit" autour duquel se cristallisent la presque totalité des discours de nos représentants. Que nous suivons en bonne marche... transhumance de troupeau.
Alors nous rêvons, nous rêvons…Loo.
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