samedi 26 mai 2007

Kultur marchande

"Kultur & dog" by Loo


Ainsi Don don don, les petites… Drôle de bordel dans lequel nous voilà rendu. Le don, la donation, le don du don, la re-don-dance… Il fut question du don fétichisé se résumant à une forme d’aliénation pour le donateur et pour le destinataire du don. Il fut question du don vénéré, adoré par celui qui donne et par celui qui ne donne rien, comme le croyant et l’athée aiment leur icône, il est question, encore une fois, de la fétichisation du don, de la fétichisation surtout. Autrement dit, du don et du reste (culture, cuuuuuuuuuultuuuuuuuure), devenus marchandise :

« Marx, écrit Adorno, définit le caractère fétiche de la marchandise comme la vénération de ce qui s’est fait soi-même, de ce qui, comme valeur d’échange, s’est aliéné aussi bien de son producteur que de son consommateur, c’est-à-dire l’homme ».

Adoration et vénération de l’objet, de la chose, de la marchandise, qui sépare l’homme de lui-même, vénération davantage investie dans l’objet que dans l’homme. Objet ici pensé et vécu comme la chair de la chair, comme organe propre au corps et à la pensée, comme construction sociale et psychologique, comme construction radicale de l’homme, du soi.

Aussi, le travail pensé en termes « modernes » de production d’objets, puis de services (peut-être viendra la production du vent !), est-il également l’oubli de l’homme du point de vue de ce qu’il est. Confrontation hystérique et historique entre l’être et l’avoir, bataille décisive qui voit la victoire sans bavure de l’avoir sur l’être.

« Une conséquence immédiate du fait que l'homme est rendu étranger au produit de son travail : l'homme est rendu étranger à l'homme. ».

Il balance ce bon gros poilu de Karl M. et sans plus de complexes que ça. Merci aux libéraux pur jus de me balancer leurs contre-arguments, leurs insultes et leur insuffisance.

Il faudra ajouter, que l’homme au sens de Marx, reste parfaitement familier et connaisseur de TOUT... Sauf de lui-même, à savoir qu'il est à l'écoute de toute matérialité fétichisée. Pas cool. Freud n'aurait pas dit autre chose !

Le slogan serait donc : tout sauf l’homme. Voilà à quoi, au fond se réduit la logique du fétiche. À savoir : passer sa vie à chier (c’est matérialisable jusqu’aux effluves), baiser (d’aucuns et d’aucunes ne le firent, ne le font et ne le feront que pour s’assurer qu’il ne disparaîtront pas après leur propre mort, matérialisation du désir et, surtout, de la peur d'y passer), éructer, vomir (z’y vas, touche tes glaires !), tomber malade (avec la culpabilité que cela suppose vis-à-vis de la hiérarchie bouffonne structurant ce monde-ci), bouffer (à s’en faire péter le bide), vider (ben… la vessie !), remplir, jeter, prendre, acquérir, acheter, s’approprier.

Adorer la propriété. Le fétiche par excellence...

Adorno :

- « Ce qu’il y a de mystérieux dans la forme-marchandise consiste donc simplement en ceci qu’elle renvoie aux hommes l’image des caractères sociaux de leur propre travail comme des caractères objectifs des produits du travail eux-mêmes, comme des qualités sociales que ces choses possèderaient par nature (…). ».

Loo
:

-
Putain, comme tu te la racontes à mort, t’as pété un plomb mec. Tu veux dire que, par exemple, ma hyper chaîne stéréo que je me suis payée à l’insu de ma sueur et de la gonzesse qui motivait c’te tuerie de sono, c’est un truc qui veut dire que j’le vaux bien aux yeux de la meuf et des miens mais pas au sens de ma vie ? T’es gueudin ou quoi ?

Adorno :

- Simpliste et réducteur, mais en gros c’est ça. Pis d’abord, c’est pas avec vos yeux que vous voyez . C’est même pas les vôtres d’ailleurs, bande de dégénérés. Ceux du corps social...

Loo :

- C'est la même chose, c’est bon, me fais pas la leçon.

Adorno :

-
Et puis il s’agirait moins de ta vie que de la connaissance que tu en as, pauvre crétin, des choix que tu fais dans l’orientation que tu lui donnes, des vénérations qui sont les tiennent car tu n’es rien d’autre qu’un iconolâtre. D’ailleurs, la preuve : tu m’adores, bouseux que tu es.

Loo :

-
Tu me traites ! Vas-y, joue sur les mots, tout ça pour avoir raison et la jouer subtil. Va niquer ta mère.

Adorno :

-
Allez, du balais, vermisseau, pas qu’ça à foutre moi ! »

Bon, j’me barre, on peut pas discuter avec ce genre de mecs.

Et voilà ce que précise mon très cher (et gros enculé, p’tain comment y m’a parlé ce con) Adorno :

« Le consommateur adore vraiment l’argent qu’il a dépensé en échange d’un billet pour le concert de Toscanini ».

La Kultur surfant sur les pentes glissantes du libéralisme, qui ne se gêne pas pour faire des objets de l’art des biens de consommation (culturels, mais faut-il le préciser ?), pousse son « consommateur » à aimer l’argent qu’il dépense à s’acheter sa condition et son rang avant même de penser à l’art… Et ça marche !

La voilà la plus-value culturelle. Point de flacon, tout juste l’ivresse des biftons encore chauds qui glissent entre les doigts et qui ne sont rien d’autre que le frisson d’un faire valoir plutôt que d’un faire être.

La valeur d’échange prive de la valeur d’usage. C’est le prix à payer de l’oubli de soi pour se produire une valeur qui a si peu à voir avec l’homme et, surtout, avec sa misère congénitale, avec sa condition.

Nouveau fétiche : la modernisation : elle vise à ringardiser tout point de vue en désaccord avec le sien. Pourtant, la modernisation est un retour aux fondamentaux, aux valeurs les plus conservatrices. Elle impose qu’on laisse choir ces « combats d’arrière-garde » (qui consistent à préférer l’homme envers et contre tout) au profit de la vénérable croissance et d’une conception du mieux-être individuel dont bénéficierait le collectif. Et ça n’a pas vraiment l’air de fonctionner!

Continuons donc à faire valoir et à se faire valoir plutôt qu’à valoir réellement. Hein que c'est vrai, Théo ?

Loo

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