mardi 29 mai 2007

La journée de la fête

Journée sans tabac, journée de la courtoisie au volant, journée de la femme, journée sans voiture, journée de solidarité, journée de dépistage du cancer de la peau, journée du patrimoine et même, journée de la santé du pied, journée de la francophonie, il y a même la journée mondiale du soleil. Et puis, les fêtes, celle de la bière, des mères, fête de l’humanité, fête de la morue, fête de la nature, fête des lumières, des mère-grands, fête de la musique, des pères, fête de la science, fête des voisins… On ne s’en sort plus. À quand la fête mondiale des sardines en boîte, à quand la journée internationale des utilisateurs de chiottes à la turque, à quand la journée de ceux qui la porte à droite dans un caleçon de gaucher, la fête du chasseur, des paires de couilles, la journée du sanglier, des ovaires, la fête de la brosse à dents, la journée des grabataires, la fête des p’tits n’enfants, la journée mondiale de l’allaitement au sein, la fête des fétichistes du mamelon, la journée sans relation charnelle, la fête du triolisme, la fête des gens contents, la journée des déçus de la vie, la nuit des mort-vivants, la fête des catholiques de confession musulmane, la journée de la voix d’opéra, la fête de la femme de ménage, la journée universelle contre la mort, la fête de la vie, le jour des saint (zut ça c’est bon) ? Et ainsi de suite.

Le ridicule ne tue pas, il n’y a là-dessus aucun doute à avoir. Ça ressemble à ces trucs dont on a découvert l’efficacité et le succès une fois et une seule et qu’on ressort à toutes les sauces sur des thèmes aussi variés que contradictoires.. Parce que ça marche, ça endort, ça rassure. Ça crée du nouveau, de la solidarité, de la fraternité, du politique, du lien social. Comme une blague foireuse.…

Cela ne comble, en vérité, que du vide. Et encore, même pas celui dont le peuple serait la victime inconsciente. Il choisit en réalité bien plus que ne le disent nos chefs. Ce vide est plutôt celui d’une poignée d’hommes d’élite en manque d’idées proprement politiques et dont l’intérêt bien senti a bien compris l’utilité de remplir le temps des peuples de tout prétexte à faire la fête ou à se « mobiliser » pour telle ou telle cause de bon aloi festif ou moral ou les deux. L’on finit par y croire à force d’enfoncer le clou. D’ailleurs, à ce rythme, il faudra bien une fête des journées ou une journée de la fête. Ça deviendrait vite orgiaque sans limitations thématiques… Il faut un thème. Ça « formalise ». Alors, évidemment, il faudra préférer des thématiques politiquement correctes. On imagine mal une journée internationale de l’anarchie. C’est d’ailleurs malheureux, car étant donnée l’efficacité de ces événements organisés à profusion et encouragés par la puissance publique, il ne fait pas de doute qu’une telle journée signerait à peu de chose près la mort de l’Anarchie politique. La musique pâtit à n’en pas douter de cette merveilleuse invention de Jack Lang. DJ guinguette, musique de bastringue, guitare de feu de camp et top cinquante se tirent la bourre pour le plus grand « bien » de l’art du son. Il y a du contrôle social dans ces artificielles communions rendues indispensables par les puissances médiatiques et les faiblesses humaines.

Ce soir, c’est la fête aux voisins. Préparation des meilleures blagues… Foireuses. Faut bien s’adapter pour se faire apprécier, en viennent à croire les croyants des fêtes et journées foireuses. Contrôle et auto-contrôle sont des mots qui vont si bien ensemble.

Loo

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ça j'aime on a plus qu'àeviter le journée ou la fete du fatum