jeudi 10 mai 2007

Ptéropsychologie présidentielle

"Dove in nature" by Tibarama



Le citoyen a fait son devoir. À l’ancienne ou non. A la missionnaire, en levrette... 77 villes expérimentaient le vote électronique. De Villiers n’a d’ailleurs pas ramené sa fraise déconfite. Le citoyen s’en est bien passé et le rituel eut lieu sans encombre. Avant ou après icelui (le rituel) il a pu s’adonner à ses manies dominicales. La ballade familiale du sédentaire plutôt qu’une bonne partie de jambe en l’air, le programme aberrant du sport de la première chaîne plutôt qu’un footing tout aussi aplatissant, une partie assainissante de tennis plutôt qu’une méditation "polluante" sur l’être, l’oubli rassérénant d’un bon programme plutôt que « l’horreur » récérébrante d’une quête de soi.

Dès 17 heures, ce 6 05 2007, date historique, les choses sont fixées. L’écart est trop important pour que le doute reste possible.

Ceux-ci débouchent le champagne, promettant aux autres des lendemains qui déchantent en trinquant à l’avènement de leur propre richesse et d’une France qui mettra des coups de pied au cul de l’autre France, tandis que ceux-là se morfondent en un marasme encore plein d’espoir se promettant de se mettre en situation de rébellion pour protéger leur cul propre si la tendance se confirmait.

A 20 heure, Nicolas Sarkozy est consacré.

Les discours s’enchaînent rapidement, Royalement. Le (la) vaincu(e) s’affiche en meneur(se) de révolutions (parlementaires) à venir. Le vainqueur, très hollywoodien, le fait sur un registre similaire, faussement humble et se la pète péplum encostumé. Les pauvres, les riches, les malformés, les vieux, les gauchistes et les fascistes formeront une France Une et unifiée à la pointe de la pure lame du glaive de l’espoir . C’est noté.

Et puis il faut se retirer. Le Président doit, du fait de sa gravité, « habiter » la fonction. Le voilà disparu, la meute journaleuse aux trousses. L’est où ? L’est où ? Quasiment deux jours avant que ne sorte le très symbolique « Paloma » bolloréen.

Il ne s’agira pas d’une colombe, mais d’un bateau, très gros quand il s’agit de ne transporter que quelques hommes. Peu importe. C’est une retraite. Une caverne flottante, un antre comme un autre, celui, surtout, de la sagesse, car la fonction l’appelle de ses vœux. Suivra un retour en Falcon. Paloma, Falcon, le bestiaire ailé est au complet. On vole déjà très haut.

Le « Falcon », une flèche dans le ciel, comme pendant du « Paloma », instrument de la retraite. Le « Falcon » ira vite et droit au but, le « Paloma », immaculé sur les flots purifiera par le temps, le silence et « l’absence ».

« Paloma » : la colombe. La culture judéo-chrétienne l’a identifiée au Saint-Esprit. Notre bon Président serait-il en bons termes avec Ce bon vieux ? Avec cette Paloma, fondamentalement symbole de pureté, de simplicité et de paix ?

Rappelons-nous : cette colombe qui, dans le Nouveau Testament apporte le rameau d’olivier à l’arche de Noé, un symbole de paix, d’harmonie, d’espoir, de bonheur retrouvé. Le voilà le bateau tout plein d'animaux, de peuple en perdition, de français malheureux!!! Paloma serait donc l'arche de Noé....

Et Bolloré qui, étymologiquement, signifie « buisson de laurier » !!!! Laurus nobilisSymbole de la Victoire. Que manque-t-il au tableau ? L’éros ! Car la colombe, dans ces aires culturelles qui sont les nôtres, pour être l’oiseau d’Aphrodite, est aussi la sublimation de l’instinct, l’accomplissement amoureux que l’amant offre à l’objet de son désir. Ainsi, Paloma est désir. Sarkozy DANS Paloma chercherait-il à se faire Désir, à s’identifier à une carcasse flottante ne sachant point voler mais représentant symboliquement le potentiel de la colombe aviaire?

C’est tentant. En attendant, cela fait beaucoup…

Récapitulons. Pureté, victoire, désir. Tout cela est dans Paloma. Bien que celle-ci soit submersible, il n’en reste pas moins qu’elle concentre autour d’elle, et avec l’aide de ce victorieux propriétaire, tout le refoulé du Sarkozy et de son désir. La colombe, cette pureté, ce symbolisme issu de la beauté et de la grâce volatile (…) effectivement caractérisé par son immaculée blancheur et par la douceur de son roucoulement.

Notre rutilant Président va susurrer… Il va roucouler… Il va dire son amour. Cinq années durant. Dix peut-être. Car l’amour aime aimer, aime durer, aime s’aimer.

Dans le ventre de Paloma, le Président est LA colombe et sa symbolique. Il est Paloma. Image de la féminité et de la virginité.

Voilà, à l’instar de ces belles que l’on appelait « mon âme », « ma colombe », Nicolas le Président se prépare en sa retraite à s’incarner comme âme du peuple… La « belle » du peuple.

La colombe est sociable et ne supporterait guère d’être rejetée, d’autant que son interlocuteur privilégié est, aujourd’hui, le peuple, sa maîtresse, c’est-à-dire l’Histoire.

En réponse à la fine tactique de la Colombe, le peuple peut alors tenter de se faire désirer, par les moyens qui seront les siens, en jarretelles ou en guêpière.



Loo