jeudi 24 mai 2007

Sans espoir de retour…


"Vide" photo Djü


Assez soudainement le mot « donner » est réapparu dans d’autres bouches que celles habituées de présentateurs croulants ou de stars vieillissantes en recherche d’existence ou simplement en promotion. Oui on a entendu parler de donner, et plusieurs fois, en politique la chose est assez rare pour qu’elle soit notée. Mais « donnant-donnant », ça n’est pas pareil que donner tout court. Donnant-donnant, c’est comme cela que l’on dresse les bêtes. Est-ce donc la nouvelle façon dont nous nous considérons et par la même dont nous sommes considérés. Parce que nous quantifions le don comme dans un bon dressage, en bonne et due forme, et de manière pragmatique il ne faudra pas chercher d’amour chez la bête dressée mais bien l’attachement sincère et égoïste à du quantifiable. Le donneur-receveur se contente lui de l’inquantifiable idée de l’attachement sincère, néanmoins obtenue par de quantifiables carottes. Voici donc la proposition moderne du don. On donne des sous, des médicaments, de l’amour, loin parfois de savoir si l’on donne au bon endroit, peu importe puisque l’important est de recevoir en retour. Donnant-donnant. On donne de tout, c’est que c’est la logique consumériste, mais surtout peu de soi, et quand on donne un peu plus c’est qu’en réalité il s’agit de prendre.

Cette proposition est pourtant peu séduisante si l’on considère que la valeur du don se justifie justement par son désintéressement. Cependant le libéralisme forcené individualise et justifie le calcul quand bien même il mène à un esclavage. Donner librement c’est ne pas espérer de retour. Manquer à soi même c’est ne pas avoir d’espoir de retour. Manquer à soi même c’est se faire dépouiller de ses actes, de son Fatum. Donnant-donnant sans espoir de retour …

Djü

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La quantité, quelle qu'elle soit, drapée du qualitatif ou de son ersatz. Que le don n'aie pas "l'air" quantifiable... Dans le cas contraire, il perdra sa beauté bien que cela reste son soubassement!